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Camille

Cliché yoga #2 : seuls les gens "zen" font du Yoga !


Ah, les clichés sur le Yoga ! Quand tu fais du Yoga, tu as ouvert tous tes chakras et tu es zen même avec les gros c...

J'ai parfois entendu des réflexions comme : " Moi je ne peux pas faire du Yoga, je suis pas assez zen ! " ; ou alors " Tu fais du Yoga ? Tu dois être super zen alors !".

Non, je ne me place pas dans cette catégorie des gens "zen" : je suis certes bien plus détendue maintenant que je ne l'étais quelques années auparavant, mais je ne me suis pas transformée en Bouddha pour autant. J'évite la violence au quotidien, en respectant Ahimsa - mot sanscrit désignant le principe de non- violence - du mieux que je le peux : par contre, l'envie de foutre des baffes - en particulier à certain(e)s hommes / femmes politiques - me démange parfois... hum souvent.

La plupart des personnes que j'ai rencontrées grâce au Yoga ne se placent pas elles non plus dans cette catégorie. En fait, je me suis même rendue compte que les gens qui viennent au Yoga et qui embrassent pleinement ce mode de vie ont toutes leur "pet au casque", leurs petites névroses, et que c'est précisément pour ça qu'elles font du Yoga. C'est mon cas : depuis l'enfance, j'ai toujours eu un caractère angoissé. Le Yoga m'a aidé à prendre confiance en moi, et à pratiquer le détachement. C'est un travail de chaque jour, de chaque instant, et je sais que rien n'est vraiment acquis de ce côté-là, que je devrais toute ma vie lutter contre ces angoisses si profondément ancrées en moi.

Comme moi, peut-être vivez-vous des angoisses qui vous plombent? Peut-être vous laissez-vous envahir par certains sentiments négatifs à la moindre contrariété ? Peut-être vous êtes vous déjà rendu compte que vous stressiez de manière démesurée par rapport à un événement qui objectivement ne devrait pas vous mettre dans cet état ?

C'est là où le détachement entre en jeu : en pratiquant le Yoga, j'ai réussi à prendre un autre chemin, celui qui me permet de relativiser bien plus facilement parce que je sais maintenant que je ne peux pas contrôler beaucoup des situations que je vis : dans l'énorme majorité de ces situations, les actions des personnes concernées s'expliquent par des schémas profonds et anciens, et elles n'ont pas vraiment de rapport avec ma personne. En d'autres termes, accepter que la seule personne sur laquelle on peut vraiment agir est soi-même rend la vie bien plus facile. Ne plus s'épuiser à convaincre les gens de faire / de comprendre ceci ou cela, se libérer des jugements des autres, trouver le courage d'affronter ses peurs, voici quelques-uns des changements qui peuvent s'opérer.

Le Yoga nous apprend à agir, et non plus à réagir. Par exemple, quand quelqu'un nous fait une remarque déplaisante, on réagit : on se laisse envahir, on se dit qu'on aurait pu rétorquer ceci ou cela, et résultat, ça fait une heure qu'on est en boucle. Une fois le détachement installé dans notre schéma de pensée, on préfèrera agir : on essaiera de comprendre pourquoi cette personne nous a fait cette remarque, s'il elle était justifiée ou pas ; si elle l'était, on essaiera de rattraper le coup, et si elle ne l'était pas, on passera à autre chose, en choisissant de se concentrer sur ce qui est vraiment important pour nous dans le moment présent.

Depuis près de dix ans, je travaille en tant que professeur dans un collège. Alors question environnement de travail pas "zen", autant vous dire que je suis une experte ! Une des plus grandes difficultés au quotidien est celle de gérer certains élèves que rien ne motive, qui, quoique vous leur proposiez, rejettent tout d'un bloc. Au début de ma carrière, ça me perturbait beaucoup car je remettais systématiquement en cause mes compétences en tant qu'enseignante. L'exercice proposé était peut-être trop dur, ou alors je n'avais pas assez bien expliqué...

Avec le Yoga, mon regard a changé. J'ai compris que si ces élèves refusaient toujours de faire leur travail à la maison ou rechignaient à faire leur exercices en classe, c'était avant tout par peur de l'échec, et que, quoique je proposerais, le résultat serait le même... Je sais maintenant que la solution la plus efficace est de les aider à changer leur regard sur eux-même, sur l'échec et l'erreur. Je leur montre que moi aussi je fais des erreurs, que moi aussi je connais des échecs, et que ça ne m'empêche de recommencer et de réussir. Quand les plus résistants finissent par se lancer, au début, je leur tiens la main : quelle joie de les entendre ensuite s'exclamer : "Mais c'est facile en fait Madame !!!", puis de les voir faire faire l'exercice jusqu'au bout.

Dans cette situation, je ne peux pas contrôler ce qui se passe dans la tête de mon élève récalcitrant, effacer toutes ces fois où son estime de lui-même a été mise à mal ; le fait qu'il refuse de travailler n'a rien à voir avec moi, ici et maintenant, mais est la conséquence de toutes ces années où il s'est senti dévalorisé et découragé. Quand ça ne marche pas, parce que à ce moment-là, pour telle ou telle raison qui m'échappe, l'élève ne veut pas entendre ce que j'ai à lui dire, je laisse couler : à un moment ou un autre, ce déclic que j'espère provoquer en lui viendra. Je choisis de me concentrer sur ce qui est vraiment important : tout d'abord, j'ai fait de mon mieux, et ensuite, je me réjouis que cet autre élève, qui se montre plus réceptif, ait fait des progrès incroyables depuis le début de l'année.

Ne croyez pas que réussir à laisser couler ait été une chose facile pour moi : quand j'ai commencé le Yoga, me relaxer à la fin du cours dans Savasana, sans bouger, sans partir dans la spirale de mes pensées, était une véritable épreuve. On dit souvent que cette posture est la plus difficile, et je suis complètement d'accord : elle nous demande de lâcher prise, une des choses les plus dures qu'il soit. Même aujourd'hui, alors que j'ai fait de grands progrès, je rencontre encore des résistances.

Dans notre vie quotidienne, tellement de choses font qu'on peut se sentir triste, en colère, révolté(e)... autant de raisons de ne pas être "zen" ! Mais en prenant du temps pour soi, en pratiquant la relaxation, en apprenant à davantage écouter notre intuition, on parvient à s'aligner avec nos désirs profonds. Par conséquent, il devient naturel de dire NON à toutes ces situations qui ne nous apportent rien dans le moment présent ou qui ne nous correspondent plus. On ne cherche plus à se justifier à la terre entière, on n'essaie plus de plaire à tout le monde, on ne s'épuise plus à être parfait(e).

On se contente d'être, tout simplement. Il devient plus facile d'accepter nos failles, puis on ose enfin se faire des compliments, pour ensuite entrevoir qu'il est possible de ne plus être son meilleur/pire ennemi. On devient un peu plus en paix avec soi-même : certainement ce qu'on pourrait appeler "être zen", ou tout simplement travailler à s'accepter tel que l'on est, avec nos blessures et nos cicatrices.

OM

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