Le Yin Yoga est classé dans la catégorie des Yoga dit "doux". On peut effectivement dire qu'il demande peu d'efforts physiques, mais il n'en est pas moins riche en sensations corporelles.
J'ai découvert le Yin Yoga par hasard finalement : j'avais pris dans un studio à Paris un forfait découverte illimité d'une semaine dans un studio assez branché. Cela faisait deux ans que je pratiquais le Yoga chez moi, avec des livres et des vidéos. J'avais envie d'en apprendre plus, et de prendre des cours sans me ruiner. Ce studio proposait des cours divers et variés, et pour ma première séance dans ce lieu, j'ai débarqué dans un cours de Yin Yoga. Je me souviens qu'il y avait un monsieur, qui faisait ses échauffements dynamiques alors que nous étions toutes posées sur notre tapis : la prof lui a fait comprendre avec humour qu'ici on était pas vraiment dans l'esprit "show off" et que tous ces mouvements ne lui seraient pas du tout utiles pour l'heure à venir. Quant à moi, la séance m'a plu, mais c'était loin d'être une révélation. Une première graine était néanmoins plantée. Le reste est venu plus tard, avec une autre professeur, dans un autre studio, avec qui j'ai vraiment accroché.
Dans ma pratique et dans ma vie, le Yin Yoga m'a beaucoup aidé, et c'était une évidence pour moi de me former et ensuite de l'enseigner. J'ai peu parlé de moi depuis que j'écris sur ce blog. Mais dans cet article vous trouverez davantage de liens avec ma propre expérience, et j'espère que cela vous parlera. J'ai décidé volontairement d'axer cet article sur l'aspect mental des bénéfices du Yin Yoga.
Sans plus attendre, voici plusieurs raisons de vous mettre au Yin Yoga ( et la liste n'est pas exhaustive ! ) :
1. Chasser les pensées parasites.
Mon expérience m'a montré que le Yin Yoga agit en profondeur sur le mental : en laissant le corps se déposer, l'"esprit singe" (ou "monkey mind") de notre mental, qui saute de pensée en pensée comme le singe de branche en branche, passe en mode "sourdine". On pourrait dire que les nuisances sonores, les bruits de fond, deviennent plus lointains : ainsi les sujets importants pour nous, qui demandent notre réflexion pleine et entière, passent sur le devant de la scène. Parfois, alors que nous n'en avons même pas conscience, les bonnes décisions concernant ces sujets s'imposent à nous, naturellement.
2. Méditer dans les postures.
J'associe le Yin Yoga a de la méditation, mais dans une variété de postures.
Je fais partie de ces personnes qui sont de constitution Vata : en Ayurveda, ce Dosha est associé aux éléments Air et Ether. J'ai une grande tendance à être dans le mental en permanence, à beaucoup intellectualiser, donc autant dire que le "monkey mind", je connais bien. Et que la méditation est très, très, très difficile pour moi. Mon esprit est envahi de pensées qui fusent comme l'éclair, et même avec la pratique régulière du Yoga depuis plusieurs années, tenir la posture assise est un défi de chaque seconde. Bref, j'ai un très long chemin à parcourir avant de franchir le pas d'une retraite Vipassana.
Avec le Yin Yoga, j'ai trouvé une pratique qui me permet vraiment de me poser : le fait de me concentrer sur chaque sensation, d'amener ma conscience dans chaque recoin de mon corps pendant la tenue de posture, a un effet calmant qui m'aura aidé et appris plus que je ne peux l'exprimer.
3. Apprendre à ne rien faire.
Faites-vous partie de ces gens qui sont incapables de rester en place ne serait-ce qu'un instant ? Si vous répondez par l'affirmative, donnez une chance au Yin Yoga. Après une journée de travail, à courir partout, à s'occuper des enfants, souvent on a cette sensation de nervosité qui ne nous quitte pas, et on continue encore et encore de s'affairer. Plus on en fait, et plus on continue d'en faire. Parfois, la croyance erronée que ne rien faire équivaut à être paresseux est tellement ancrée qu'on en vient même à s'interdire de faire une pause, alors même qu'on sait qu'il le faudrait. Et quand le rythme du quotidien s'allège, en vacances par exemple, vient le retour de bâton : on attrape un gros rhume, ou encore on se sent tellement fatigué qu'on voudrait dormir pendant des jours. Résultat, profiter pleinement de ses congés, et trouver le bon équilibre entre repos, activités nourrissantes et stimulantes pour le corps et l'esprit devient compliqué.
S'accorder une vraie pause, ne rien faire pendant une heure ( ou plutôt faire du Yin Yoga ! ) est salvateur, pour le corps et surtout pour l'esprit ; comme tout, cela demande de la pratique, mais une fois que l'habitude est ancrée, il est certain que rien au monde ne pourra vous amener à y renoncer. Prendre un moment pour soi, se laisser guider, et simplement laisser le temps faire, les postures agir, vous donnera cette capacité à savoir quand vous arrêter pour vous préserver. De plus, vous apprendrez à mieux diriger votre énergie quand vous êtes dans l'action.
4. Trouver ses limites.
Dans la pratique du Yin Yoga, il n'y a finalement rien d'autre à faire que de se relâcher. Mais pour bien se relâcher, il faut s'installer dans la posture de manière à pouvoir le faire : pour cela, trouver sa limite est la clé. Votre limite est d'une intensité plutôt douce, mais suffisamment pour avoir des sensations d'étirement au niveau des muscles. Si l'intensité est trop forte, il sera difficile de relâcher les muscles, et le travail de la posture au niveau des tissus conjonctifs ( os, ligaments, tendons, fascias) sera de moindre qualité. Vous vous crisperez, et le résultat sera l'inverse de celui recherché. C'est pourquoi il est indispensable de trouver sa limite, en observant son corps et en vérifiant si certaines zones ne sont pas sous tension. Ensuite, c'est mécanique, la gravité agit : les muscles se relâchent, et on peut aller plus loin. Cependant, quand on s'installe dans la posture, l'intention doit être d'abord de se relâcher. Aller plus loin vient ensuite. Dans la recherche de ses propres limites, vous apprenez ainsi à connaître votre corps.
Avez-vous déjà porté un appareil dentaire ? Les dents sont un tissu "Yin", comme les tissus conjonctifs : ce sont des tissus durs, à la différence des muscles, qui eux sont souples, donc "Yang". Si vous avez eu recours à l'orthodontie, vous avez été traité pendant plusieurs années avant de retrouver des dents alignées : la pression exercée était douce, et cela pendant longtemps. Je me souviens des réglages, qui rendaient difficiles de manger pendant quelques jours, car la nouvelle pression, plus forte, créait une tension désagréable. Je fais ce parallèle pour vous montrer que les progrès en Yin Yoga, tant sur le plan physique que mental, s'observent quand la pratique s'effectue dans le respect de ses propres limites : à petits pas, petit à petit, avec l'intention de trouver confort dans l'inconfort. En dehors du tapis, cela m'a personnellement ouverte à plus de réflexion, plus d'observation, plus de connaissance de moi-même. Quand on connait ses limites, on a plus de facilités à définir ce qui est bon pour nous, et à refuser ce qui nous en demande trop. Trouver ses limites mène à plus d'équilibre.
5. Comprendre que tout passe.
Même installé(e) dans la posture dans le respect de ses limites, les sensations peuvent être intenses : parfois à l'entrée de la posture, parfois au fur et à mesure de la posture. Cela dépend des jours, et des postures. Parfois même, certains sentiments font surface : la colère, la tristesse. Cela est bien souvent en rapport avec l'énergie du méridien travaillé pendant la posture. Quoi qu'il en soit, il est important de se rappeler que tout est impermanence : chaque sensation ou sentiment, aussi désagréable soit-il, finira forcément par disparaître, ou au moins s'amoindrir. Sur le tapis, c'est la respiration profonde et lente qui allège les sensations d'inconfort. Et dans la vie, se souvenir de cela m'aura amenée à être plus tolérante envers moi-même : quand je suis en colère, ou triste, ou que je doute de moi-même, ou encore que je me dis que j'aurais pu mieux faire / mieux dire / mieux ... etc. , je me rappelle que je ne me sentirais pas comme cela éternellement et que ces sentiments ne définissent pas ma véritable personne, ou mon moi profond. De même, lorsque je vois cela chez l'autre, j'ai également plus de tolérance envers lui/elle.
Il y a plusieurs années, j'ai souffert d'une profonde dépression : j'ai vécu des événements violents, qui sont venus se superposer à d'autres problèmes plus anciens et plus profonds. Avec le recul, c'est comme si j'avais implosé : tout a volé en éclats, et il y avait des moments où j'avais cette impression d'être tellement perdue que je ne savais même plus qui j'étais. Je remercie toutes mes personnes proches d'avoir su faire preuve de tolérance à mon égard, car elles auront été un magnifique exemple. Elles m'auront montré que je n'étais pas que cette personne sombre, ce qui m'aura conduit au bout du compte vers la lumière. Ma rencontre avec le Yoga, et tous mes efforts combinés, me permettent aujourd'hui d'avoir le sentiment d'être à ma place. La dépression et mon passé font partie de moi, mais je ne les laisse plus avoir autant d'influence.
Je m'arrête ici, car l'article est déjà bien long. Ceci dit, bien d'autres raisons pourraient être proposées, n'hésitez pas à m'en faire part dans les commentaires sur la page Facebook.
J'espère que cela vous amènera à découvrir le Yin Yoga, quand cela sera juste pour vous. Rappelez-vous que si vous hésitez à le faire, c'est justement parce que vous devez vous lancer : je vous conseille à ce propos la lecture des ouvrages de Lise Bourbeau, qui explique très bien que notre ego, devant la perspective du changement, fait tout pour nous freiner, car il estime que c'est le seul moyen de nous protéger.
Peu importe ce qui arrivera en chemin, cela ne peut que vous permettre d'avancer sur votre voie.
A très bientôt sur le tapis,
OM
Camille